À Saint-Louis, des appartements pour mieux inclure les personnes dépendantes
Saint-Louis, rue Wittersbach. C’est là que l’APEI Sud Alsace (Association de parents d‘enfants inadaptés) vient d’implanter ce qui est une première à Saint-Louis et dans la région frontalière : un immeuble de deux étages, avec une vingtaine d’appartements réservés à l’habitat inclusif. Les premiers locataires devraient emménager début juin.
L’habitat inclusif est destiné aux personnes en situation de dépendance, seniors ou en situation de handicap, qui souhaitent conserver une certaine autonomie. Elles peuvent intégrer un appartement privatif tout en bénéficiant d’espaces de vie commune et des services avec les autres locataires. L’habitat inclusif est assorti d’un projet de vie sociale. Les locataires sont également accompagnés : un référent sera sur place pour les aider.
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Saint-Louis après Hirsingue
Fernand Heinis, président de l’association, explique que Saint-Louis est la deuxième structure de ce type créée par l’APEI, après Hirsingue (lire notre encadré). « Dans le Sundgau, voilà 16 mois que cela fonctionne. Les appartements sont loués. Et nous avons permis à nos locataires d’aller plus loin dans l’autonomie, par rapport à un foyer d’accueil spécialisé (FAS) ou un foyer d’accueil handicapés travailleurs (FAHT). »
Si l’APEI a choisi Saint-Louis pour ce projet, c’est qu’il y avait « un besoin sur la région », pour les vice-présidents Christian Brunner et Jean-Claude Brand. Pour preuve, avant même l’achèvement de l’immeuble, la moitié des appartements sont loués. Il s’agit, à Saint-Louis, de quatorze F2 (pour une personne) loués entre 565 et 595 euros et de quatre F3 (pour deux personnes, parent-enfant ou couple) loués entre 695 et 745 euros.
Solution qualitative et digne
Soit, pour des appartements de ce standing, « des prix un peu en dessous du marché à Saint-Louis, et accessibles avec l’Allocation adulte handicapé et l’aide au logement », indique Samuel Kuchel, directeur de l’APEI. C’est une « solution qualitative, digne, pour des personnes handicapées qui peuvent bénéficier sur place, gratuitement, de l’accompagnement par le référent. »
L’APEI Sud Alsace, pour ses sites de Hirsingue et de Saint-Louis, s‘est inspirée des modèles qui existent depuis 20 ans, notamment à Strasbourg, tout en se faisant accompagner par des avocats spécialisés. « Notre innovation, précise Samuel Kuchel, c’est que l’association est à la fois le bailleur, parce que les murs nous appartiennent, et le gestionnaire de l’accompagnement. » Enfin, à Saint-Louis, il n’y a pas que de l’habitat inclusif, mais une noria de services que l’APEI peut regrouper sur son nouveau site en un pôle inclusion, comme Solicook ou le restaurant solidaire A l’Essentiel (lire notre encadré).
Une première pour la région frontalière
L’habitat inclusif peut accueillir des publics de tous âges. « On parle de plus en plus de dépendance et on fait de moins en moins de différences entre handicapé et personne âgée », note Florence Chifflot, cadre à l’APEI. La seule limite, c’est que l’habitat inclusif n’est pas un établissement médicalisé. Il faut que la personne soit un minimum autonome.
À Saint-Louis, les futurs locataires sont pour l’heure « plus jeunes que dans le Sundgau », a constaté Samuel Kuchel. Et d’avancer : « On peut l’expliquer par le milieu plus urbain, la présence des transports en commun (gare, bus) et de loisirs à proximité. » En tout cas, cela permet de proposer des solutions à des jeunes adultes : notamment « des sorties positives » de l’IMPro (Institut médico-professionnel) de l’Afapei de Bartenheim. « Ils passent au stade adulte, avec un travail, un appartement. C’est une vraie fierté de proposer ces solutions. »
Ce premier site en région frontalière pourrait ne pas être le dernier, conclut Samuel Kuchel. Car les logements inclusifs de l’APEI ne pourront répondre à l’ensemble de la demande.
SE RENSEIGNER Auprès de l’APEI Sud Alsace, Florence Chifflot au 06.42.63.89.60 ou par courriel à cse@apeihirsingue.org.
L’expérience réussie de Hirsingue
À Hirsingue, raconte Florence Chifflot, cadre de l’APEI, nous avons « pas mal de profils avec un handicap psychique, des personnes pour qui il est compliqué d’avoir un logement indépendant. Mais qui trouvent leur équilibre au sein de l’habitat inclusif. Ils ont du temps pour eux, leurs activités et leurs soins privatifs, et du temps pour se tourner vers les autres. » Hirsingue fonctionne très bien : « Il y a une vraie entraide, pour s’occuper du potager, pour assurer la sortie des poubelles. Il y a une idée de communauté qui naît des différences des uns et des autres, un enrichissement. » Elle note par exemple que telle personne, qui a été hospitalisée régulièrement à Rouffach avant d’arriver dans cet habitat inclusif, n’a plus eu à y retourner.