[Vidéo] Inédite en Alsace, une équipe mobile de soins qui, désormais, téléconsulte
Une salle, différents professionnels de santé, un bureau de consultation, une mallette de télémédecine : voilà à quoi ressemble une équipe mobile de soins. Les agences régionales de santé (ARS) ont favorisé, ces dernières années, la constitution de ces structures pluridisciplinaires, légères, qui inventent, en fonction de leur public et de leurs besoins, les prestations qu’elles vont développer.
À l’Apei Sud Alsace, dont le siège est à Hirsingue, dans le Sud Alsace, le besoin s’était fait sentir dès 2010. Les associations voisines, Marie Pire à Altkirch et l’Adapei-Papillons blancs d’Alsace à Dannemarie, envisageaient de faire de même. L’ARS Grand Est a souhaité concentrer l’ensemble en un groupement. Et confier l’EMS à l’Apei Sud Alsace, où elle est positionnée. Elle rayonne sur le périmètre d’intervention des trois structures, le sud de la région.
En cinq ans, l’activité a changé
En France, elle est le seul modèle de plate-forme de services entre structures spécialisées dans le champ du handicap. « Au départ, nous avions plutôt des aides-soignantes, car l’EMS faisait d’abord du nursing [soins d’hygiène et de confort] », explique Samuel Kuchel, directeur de l’Apei Sud Alsace. « Les besoins ont évolué, ceux des trois partenaires aussi, avec un fort besoin de technicité. » En cinq ans, l’activité a changé, évoluant vers la téléconsultation en structure et, depuis le 1er janvier, à domicile.
Nathalie Lapp, directrice adjointe du pôle d’accueil spécialisé et soins à l’Apei Sud Alsace, rencontre régulièrement les partenaires et recueille leurs besoins « en fonction de la population accueillie et des problématiques de santé publique, canicule, alimentation, gynécologie, gestes barrières… » Mais dans le domaine du handicap, « les compétences médicales qui intègrent des compétences éducatives, ça n’est pas toujours naturel », remarque-t-elle. « Ça a pris du temps à mettre en place. Je fais le lien entre les deux, afin que pour les résidents, elles ne s’opposent pas. »
Des psychologues présentes toute la semaine
Les psychologues y jouent un rôle primordial : elles interviennent dans deux des trois structures sur des demandes individuelles, « en cas de comportement hétéroagressif, autoagressif ou bizarre, lorsqu’il y a un changement dans l’environnement du résident, un décès, un transfert dans un autre foyer », explique Ingrid Verdy, qui assure une présence tous les jours de la semaine avec sa collègue Gordana Ville. L’accompagnement est fixé, en général, sur douze séances, « qu’on renouvelle au besoin ».
Les psychologues animent également des ateliers, notamment de soutien à la vie relationnelle, affective et sexuelle, « car les demandes des résidents sont souvent en lien avec leur vie affective ». Depuis septembre, un café des aidants est également ouvert à Altkirch, et verra aussi le jour en mai à Saint-Louis. Les professionnels intervenant dans les structures peuvent participer, toutes les six semaines, à un groupe de ressource en communication améliorée et adaptée, « pratico-pratique, où l’on parle de toutes les difficultés rencontrées au quotidien ».
Retarder « les départs non souhaités vers la Belgique »
La crise sanitaire, qui a touché toutes ces structures, a fait évoluer la donne. La téléconsultation était déjà en route puisque l’appel à projet date d’avant la pandémie. « Nous avions fait le pari de l’intégrer à l’EMS au lieu d’une cabine, pour pouvoir intervenir chez les partenaires, depuis les chambres et désormais, à domicile », précise Samuel Kuchel.
Pour 2021, l’ARS a attribué 24 000 € afin d’étendre les services de l’EMS aux personnes handicapées maintenues à domicile, dans trois domaines : la télémédecine, la coordination du parcours de soins par le cadre infirmier, et le financement de cinq situations identifiées par les services d’accompagnement à la vie sociale qui seront accompagnées par les psychologues.
L’objectif : « Retarder ce qu’on appelle les “départs non souhaités vers la Belgique” », remarque Fernand Heinis, président de l’Apei Sud Alsace. Lorsque l’état de santé d’une personne en situation de handicap maintenue à domicile se dégrade, avec une prise de risque accrue pour les aidants, la Belgique offre des solutions souvent vécues comme une contrainte. Les équipes mobiles de soins entendent présenter une alternative pour éviter cet exode.
Légère et mobile
L’équipe mobile de soins est constituée de quatre aides-soignantes et d’une aide médico-psychologique pour les soins d’hygiène et d’éducation des résidents en foyer (toilette, hygiène bucco-dentaire, soins de suite), d’une infirmière coordinatrice qui gère les demandes d’accompagnement avec les différents professionnels et la télémédecine, deux psychologues salariées qui remplissent l’équivalent d’un temps plein. En fonction des besoins, l’équipe est complétée par des vacataires, le Dr Violetta Philippe, médecin référent, une kinésithérapeute qui, depuis la crise sanitaire, intervient « à la demande », une ergothérapeute, une infirmière et, à venir, une orthophoniste. Tout autour, gravitent des professionnels de santé qui interviennent ponctuellement. L’équipe mobile de soins n’est pas rémunérée à l’acte. Elle bénéficie d’une enveloppe globale de l’ARS qui fixe des objectifs d’activité. Elle fonctionne sept jours sur sept, de 7 h à 20 h en fonction des besoins des bénéficiaires. Elle a reçu un agrément de l’ARS pour 20 places.