Hirsingue : après la deuxième vague, situation « sous contrôle » à l’Apei Sud Alsace
La deuxième vague, fin 2020, a touché encore plus durement l’Apei Sud Alsace que la première, en mars dernier. La structure a enregistré deux décès liés au Covid et tous les résidents ont été confinés. La situation est désormais « sous contrôle ». Mais Noël a été très triste fin 2020.
Comment le virus est-il entré dans le Foyer Cuny, fin novembre ? Personne ne le saura jamais. Alors que l’Apei Sud Alsace avait tiré les enseignements de la première vague , qu’elle était désormais bien équipée en matériel, que les gestes barrières étaient inlassablement répétés aux pensionnaires, trois personnes étaient testées positives à la Covid-19 le 3 décembre. Le coronavirus venait de l’extérieur.
Des cas positifs asymptomatiques
Du 4 au 7 décembre, tous les lieux d’accueils ont été reconfinés, Maison de retraite, Foyer d’accueil spécialisé (FAS)… L’objectif prioritaire : éviter l’interaction entre les services. Des tests PCR ont été effectués, sur les personnels et les résidents. « On s’est rendu compte que nous avions beaucoup de cas positifs mais asymptomatiques », se souvient Samuel Kuchel, directeur. Les 19 pensionnaires de la Maison de retraite l’étaient. Au FAS, 37 personnes sur 40. Au Foyer-résidence studio, un cas a entraîné le confinement de toutes les autres personnes, cas contacts.
L’ensemble a fait boule de neige : les travailleurs intégrés aux Esat comme celui de Marie Pire ont conduit à faire tester tous les employés de cette structure à Altkirch. Chaque jour de décembre a eu son lot de cas, entre les premiers tests qui s’étaient révélés négatifs, et, sept jours plus tard, après incubation, qui étaient devenus positifs.
Un lieu de vie transformé « en mode hôpital »
Dans 80 % des cas, si les personnes n’étaient pas malades, l’isolement s’est déroulé sans trop de difficultés. Les 20 % restant ont été plus compliqués. L’établissement a cessé toute interaction avec l’extérieur à partir du 4 décembre et le lieu de vie s’est transformé « en mode hôpital » et chaque heure a été vécue en chambre. Notamment les repas et la communication avec les familles, facilitée par des tablettes numériques offertes par un partenaire. « Nous sommes parfois sortis dans le parc avec les éducateurs, en un pour un, pour continuer l’activité physique », explique Nathalie Lapp, directrice adjointe du Pôle accueil spécialisé et soins, responsable du projet médical. « Ils sont quand même affaiblis et on a encore du mal à les remettre au sport. »
Au plus fort de la vague, Nathalie Lapp était en contact avec le CPias (Réseau national de prévention des infections associées aux soins) à Strasbourg et le docteur Catherine Schweitzer. « Elle nous a aidés à appliquer les mesures » qui évoluaient en permanence. Comme faire sortir les résidents ayant eu la Covid pour manger dans des salles de restauration réorganisées, espacés de 2 m, « afin d’atténuer les troubles du comportement et les pertes physiques liées au manque d’exercice ».
Deux décès des suites de la Covid
Mais les mesures prises en urgence n’ont pas empêché le Foyer Cuny de perdre deux de ses résidents, morts des suites de la Covid : à la Maison de retraite, un octogénaire souffrant d’une dépendance forte liée à l’âge et, au Foyer, une dame trisomique âgée de 60 ans. Ils sont décédés à l’hôpital, avant Noël. Leurs familles ne souhaitaient pas, qui plus est, de réanimation lourde.
Les fêtes ont été tristes. « On a quand même distribué des cadeaux et fait un menu de Noël », se souvient Samuel Kuchel. Les résidents ont pu, s’ils le souhaitaient, suivre la cérémonie d’adieux à leurs camarades, retransmise depuis la chapelle, dans les chambres. « Ici, quand quelqu’un meurt, c’est comme un membre de la famille qui s’en va. »
Depuis fin janvier, la situation est à nouveau « sous contrôle », « stable », révèle la direction. Mais la prudence reste de mise : chaque retour au foyer après une sortie dans la famille est assujetti à un test PCR négatif ; les visites, jusqu’à aujourd’hui, ont lieu derrière un plexiglas dans une salle commune. Les mesures vont s’assouplir, « ça ne saurait tarder », mais « chacun a fait évoluer son comportement, nos modes de vie se sont adaptés ».
Pédagogie, nouvelles règles
Des ateliers sur les gestes barrières ont eu lieu, et ont encore lieu. « Dans le Foyer Cuny, on garde le masque, pour garder les habitudes », remarque Samuel Kuchel. Car, auprès des personnes en situation de handicap mental, « tout prend plus de temps à intégrer ». Mais les rappels constants finissent par créer des automatismes. « Des courriers ont également été envoyés aux familles pour leur rappeler les gestes barrières », ajoute Nathalie Lapp.
« En général, tout le monde joue le jeu, d’autant que les proches sont souvent âgés. » La prévention des risques infectieux, dans cette structure qui avait déjà l’habitude de beaucoup vacciner contre la grippe, fait désormais partie du projet d’établissement. La vaccination a lieu, comme pour toutes les personnes de droit commun – le Foyer Cuny n’est pas un établissement médical —, à Altkirch. Avec le consentement de la personne, ou de son tuteur. Pour l’heure, les « négatifs » ont été prioritairement vaccinés. Ceux qui ont été malades sont protégés durant au moins 90 jours. « Mais ils vont avoir leur rendez-vous », précise la direction.