Hirsingue : de l’énergie et du cœur pour le demi-siècle de la « maison de l’APEI »
Pas facile d’obtenir le calme sous un chapiteau où des tables s’alignent pour accueillir plusieurs centaines de personnes, où les exclamations de retrouvailles fusent, où chacun se choisit sa place… L’invitation lancée par l’APEI Sud Alsace, malgré les restrictions sanitaires (pass obligatoire) a connu le plein succès dimanche 29 août et la journée s’est déroulée selon un protocole bien établi : accueil, discours, apéritif, repas, le tout entrecoupé d’animations musicales et dansantes assurées par les résidents et enfin la kermesse l’après-midi.
C’est la chorale des résidents de l’APEI, dirigée par Albane Joerger, qui a ouvert la journée en interprétant plusieurs chansons françaises, accompagnée à la guitare et à la flûte par deux résidents musiciens. De belles prestations qui auraient mérité un peu moins de brouhaha mais on l’a dit, les émotions de surprise, de joie… nombreuses ce jour-là ne s’expriment pas dans le silence.
Fernand Heinis, président de l’APEI Sud Alsace, était au four et au moulin, et finalement au micro, pour accueillir officiellement l’assistance dans laquelle il a salué un aréopage de personnalités qu’il est impossible de nommer toutes ici, soit les 13 membres de son conseil d’administration, de nombreux élus dont le maire de Hirsingue, Christian Grienenberger, des représentants d’institutions et d’associations diverses, des responsables d’entreprises solidaires qui ont permis la réalisation de la plaquette du cinquantenaire. Citons néanmoins la présence de Karine Pagliarulo, vice-présidente de la Commission solidarité & autonomie de la Communauté européenne d’Alsace (CEA) et présidente de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH).
En 1971, année de sa création, l’APEI s’était fixé comme objectif « d’offrir une prise en charge à la personne souffrant d’un handicap par la création de lieux de vie adaptés en foyer », a rappelé son président, qui a en pris les rênes en 1999, à la suite de Joseph Lerdung, ancien maire d’Oberdorf. Albert Vonville en a été le président fondateur jusqu’en 1985, « aux côtés de Gaby et André Welker, Morand Sengelin qui sont toujours parmi nous. Il y avait aussi Fernand Tschan, Gérard Grienenberger, Hélène Kubler et d’autres amis », a énuméré Fernand Heinis. Il a aussi évoqué le souvenir du chirurgien Jean Cuny de l’hôpital de Mulhouse qui a apporté son aide à l’association et qui a donné son nom au foyer, lequel a ouvert ses portes aux premiers résidents en 1973 chez les Pères Capucins à Hirsingue. Quelques années plus tard, en 1996, l’APEI rachetait l’immeuble des Capucins y compris la chapelle.
Le premier service d’accompagnement à la vie sociale du Haut-Rhin
Denis Lieby, le premier directeur du foyer Cuny, a répondu présent aux festivités du cinquantenaire ! Lui succéda Mme Chevalier, Christian Lerdung et aujourd’hui Samuel Kuchel. Fernand Heinis a souligné le pas en avant fait par son prédécesseur en 1989 lorsqu’il a obtenu auprès du Département, la création du premier « service d’accompagnement à la vie sociale (SAVS) » du Haut-Rhin. « L’APEI a eu la primeur et l’a appliqué à l’annexe du foyer de Vieux-Ferrette pour quinze personnes » Aujourd’hui, il couvre le Sundgau et les Trois Frontières.
Le président a ensuite raconté comment « avec l’appui, l’aide et la confiance des membres du conseil d’administration, de l’ensemble du personnel, des bienfaiteurs, des bénévoles, des directeurs successifs, tous ensemble, nous avons réussi à agrandir, à développer cette maison de l’APEI pour le mieux-être de nos résidents, des parents et des familles » (lire par ailleurs), avec comme financeur principal le Département, aujourd’hui la CEA, ainsi que l’Agence régionale de santé pour la structure de l’équipe mobile de soins.
L’APEI, ces trois dernières années, s’est développée à Saint-Louis où elle a été « bien reçue » par les édiles locaux comme l’a souligné Fernand Heinis qui a salué la mémoire de Jean-Marie Zoellé, ancien maire, et d’Alain Girny, ancien président de Saint-Louis agglomération, décédés brutalement en 2020. Au-delà des institutions et collectivités, le président Heinis, a surtout tenu en ce jour anniversaire à remercier haut et fort les bénévoles (lire encadré) : « Sans vous, rien ne serait possible. »
■ 1973 : 20 adultes en situation de handicap sont accueillies en foyer d’accueil spécialisé à Hirsingue, 40 aujourd’hui.
■ 1989 : les personnes en situation de handicap peuvent bénéficier d’un accompagnement à domicile, aujourd’hui 70 personnes sont concernées.
■ 2002 : une quinzaine de personnes adultes ont un accompagnement en journée à Hirsingue jusqu’en 2019 et aujourd’hui à Saint-Louis.
■ 2005 : l’accueil MDPH (Maison départementale des personnes handicapées) apporte accueil, conseil et orientation à toutes personnes cherchant de l’information sur le handicap, une mission déléguée à l’APEI Sud Alsace ; à ce jour, 650 personnes ont trouvé réponse à leurs questions.
■ 2006 : création d’un nouveau bâtiment à Hirsingue pour assurer un hébergement aux personnes vieillissantes, la Maison de retraite spécialisée (MRS) pour un peu moins de 20 personnes.
■ 2009 : création d’un nouveau bâtiment à Hirsingue abritant des studios d’hébergement pour 15 travailleurs.
■ 2012 : 30 personnes adultes avec des besoins spécifiques de médicalisation bénéficient d’un accompagnement psychologique et de soins spécialisés. En 2021, plusieurs personnes sont accompagnées à domicile avec ces prestations.
■ 2013-2015 : rénovation avec agrandissement du foyer Jean-Cuny à Hirsingue avec une nouvelle cuisine centrale, 41 chambres de vie avec sanitaires individuels, un espace dédié à l’équipe mobile de soins, des bureaux administratifs et un ascenseur desservant les quatre étages.
■ 2017 : création d’un fonds de dotation APEI, qui permet de lancer des projets d’habitat inclusif, (« une certaine idée que nous avons reprise du concept du pôle mère-enfant au Moenchsberg », dixit le président Heinis)
■ 2019 : ouverture à Hirsingue d’un bâtiment de 21 appartements de 2 et 3 pièces et d’une grande salle et cuisine en sous-sol pour les locataires ayant une reconnaissance de la MDPH.
■ 2020 : construction d’un immeuble d’habitat inclusif à Saint-Louis de 18 appartements et deux studios ; création d’une cuisine centrale et légumerie (800 repas) via l’entreprise adaptée Solicook à Saint-Louis et à Hirsingue (15 travailleurs), d’un restaurant solidaire, À l’Essentiel, à Saint-Louis (2 personnes), regroupement de l’accueil de jour et du SAVS à Saint-Louis.
■ 2021 : création d’un café des aidants à Altkirch et à Saint-Louis.
Samuel Kuchel, directeur de l’APEI Sud Alsace, a qualifié l’association de « jeune dame de 50 ans qui a de l’énergie et du cœur » pour mener à bien ses réalisations et pour accompagner les personnes à besoins spécifiques. « Après cinquante ans de travail des fondateurs, administrateurs, bénévoles et professionnels, plus de 315 personnes ont une réponse adaptée à leur situation de handicap et autant de proches, famille, tuteur, frère ou sœur qui sont soutenus, et le double de personnes pour l’accueil et le conseil MDPH », a-t-il souligné.
Il a ensuite remis, aux côtés de Karine Pagliarulo, conseillère d’Alsace, plusieurs médailles du travail à plusieurs membres du personnel de l’association.
Karine Pagliarulo, en tant que responsable de la Maison départementale des personnes handicapées, a parlé d’une « compétence phare » de la Collectivité européenne d’Alsace (CEA) et a relevé les capacités d’innovation avec l’habitat inclusif de l’APEI Sud Alsace. Citant l’abbé Pierre, « on n’est jamais heureux que dans le bonheur que l’on donne, donner, c’est recevoir, c’est ce que vous faites ici, merci à tous ».
Les médaillées
Argent (20 ans) et vermeil (30 ans) : Patricia Hoenner, éducatrice spécialisée ; Judith Hengy, accompagnant éducatif et social.
Vermeil : Fabienne Gnaedig, aide médico-psychologique ; Marie-Paule Koenig, éducatrice spécialisée.
Grand or (40 ans) : Christiane Hollinger, assistante comptable ; Marie Grosdemouge, cadre administratif et financier.
Sur un espace vert de détente derrière le foyer Cuny, une roue à augets affirme : « Avec mes 3 mètres de diamètre et mes 24 augets, le tout en mélèze, je tourne gratuitement, comme les bénévoles ! Je suis leur mascotte. Mon énergie est renouvelable comme la leur ! » Fernand Heinis a mis en relief l’engagement des bénévoles qui contribue au bilan du cinquantenaire de l’APEI et permet d’envisager de nouveaux projets.
La récente opération « brioches », le stand de tartes flambées à l’Expo habitat, la fête de la solidarité au Cosec de Hirsingue, la fête d’été et les portes ouvertes n’existent que grâce à l’investissement des bénévoles, tout comme l’activité d’héliciculture démarrée en 2009. « 145 000 naissains attendent dans les serres pour être beurrés. Environ 70 bénévoles se relaient trois jours par semaine sur six à huit semaines, ce qui représente entre 4 500 et 5 000 heures. La main-d’œuvre bénévole est estimée entre 85 000 et 90 000 heures pour ça, à multiplier par deux pour avoir l’ensemble, rajoutez le coût horaire et vous verrez la somme que le bénévolat a investie à l’APEI », a calculé le président.